Pourquoi traiter ses frênes à Bouch ? Ou ailleurs...

Je ne suis pas un spécialiste. 

Mais je sais lire et je suis tombé sur un super document intitulé  «Rôles des arbres et des plantes grimpantes en milieu urbain : revue de littérature et tentative d’extrapolation au contexte montréalais ».

Il est disponible ici.

J'ai copié/collé les segments qui me semblaient les plus utiles pour ma propre exploration de la problématique de l'agrile du frêne.

 

Si le traitement de l'agrile à un coût et si de nouveaux traitements traitement moins chers sont pour bientôt, le montant peut paraitre indécent ou ridicule. Cette décision est facile à prendre : abattre un arbre mort coûte X (ne pas oublier que ce n'est pas le même prix qu'un arbre vivant) et tenter de le conserser, sans garantie de succès, coûte Y. 

Par contre, conserver ses frênes représente également un gain qui se calcule en dollars. Mais le calcul est plus complexe. Donc ce billet n'a pas la prétention de «chiffrer» le décision de garder des frênes. Par contre, je me suis aperçu qu'il y a plusieurs aspects/avantages que j'ignorais et que me permette de prendre une décision plus éclairée.

Si vous désirez traiter vos frênes pour mois cher, j'ai lancé une initiative citoyenne. On peut la consulter ici.

Bonne lecture!

 

  1. Un arbre mature peut prélever plus de 450 litres d’eau dans le sol pour ensuite les rejeter dans l’air sous forme de vapeur d’eau . Même si cet effet paraît moins important que celui de l’ombrage, il peut s’avérer significatif. Johnston et Newton (2004) rapportent qu’un arbre mature qui transpire 450 litres d’eau a un effet refroidissant équivalent à celui de cinq climatiseurs fonctionnant 20 heures par jour;

  2. Durant la journée, une zone bénéficiant d’une canopée d’arbres matures aurait une température de 2,7 °C à 3,3 °C inférieure aux zones sans arbres.

  3. À l’ombre d’arbres individuels ou de petits groupes d’arbres sur des surfaces gazonnées, la température maximale est réduite de 0,7 à 1,3 °C par rapport à des zones ouvertes.

  4. La présence d’un arbre près des maisons et des édifices peut réduire de 30 % les besoins en climatisation.

  5. McPherson (1994) rapporte que trois arbres bien localisés autour d’une maison permettent d’abaisser de 53 % la consommation annuelle d’énergie. Toutefois, de tels effets sont moindres dans les climats plus froids où la saison justifiant l’usage de la climatisation est courte. (Le réchauffement climatique pondère cette affirmation pour le Québec)

  6. Le feuillage des arbres permet, dans une certaine mesure, de protéger la population des rayons ultraviolets. Toutefois, les études actuelles démontrent plutôt que cette protection est généralement faible.

  7. Les arbres et les autres végétaux interceptent une partie des précipitations, ce qui permet par exemple de diminuer le volume d’eau traité dans les installations d’épuration. En effet, les arbres diminuent l'écoulement de surface et étalent le pic de ruissellement [44]. Bien entendu toutes les plantes n’ont pas la même capacité d’interception. Celle des arbres varie, entre autres, en fonction de leur taille, mais aussi de leur structure et du profil de leur écorce [45]. Les saisons influencent également la capacité d’interception de la végétation. Les arbres qui perdent leur feuillage à l’automne voient leur capacité d'interception fortement diminuée, bien qu’elle ne soit pas nulle.

  8. Les arbres urbains ont un rôle utile de purification de l’air. Le feuillage absorbe par exemple de nombreux polluants atmosphériques, en particulier l’ozone, le dioxyde de souffre et le gaz carbonique.

  9. Selon la Fondation canadienne de l’arbre, un arbre en bonne santé peut capter 7 000 particules en suspension par litre d’air. Il a aussi été estimé qu’un arbre mature en milieu urbain peut intercepter jusqu’à 20 kg de poussières par an. La moyenne annuelle des particules en suspension dans la communauté urbaine de Montréal, entre 1991 et 2001, était de 53 μg/m3. Dans le cas des particules fines dont le diamètre aérodynamique est inférieur à 10 micromètres (PM10), la moyenne annuelle entre 1994 et 2000, à Montréal, était d’environ 25 μg/m3. Le réseau de surveillance de la qualité de l’air (RSQA) a mesuré, de 2003 à 2005, entre 66 et 75 journées de mauvaise qualité de l’air à Montréal. Le RSQA rapporte que les concentrations de particules fines (PM2.5) sont responsables de plus de 80 % de ces journées. La moyenne montréalaise de concentration en particules fines (PM2.5), entre 2003 et 2005, dépassait la limite de la norme pancanadienne (30 μg/m3) dans sept des dix stations de mesure.

  10. Les arbres ont également la vertu de capter une fraction des autres polluants atmosphériques [32, 54, 56, 57, 76-89]. McPherson et al. (1994) ont par exemple évalué que les arbres de Chicago prélèveraient 6145 tonnes de polluants atmosphériques annuellement. La dimension et l’état de santé des arbres auraient une fois encore un impact majeur sur leur efficacité comme système de dépollution. Les gros arbres (> 77 cm DHP) en bonne santé prélèvent environ 70 fois plus de polluants atmosphériques annuellement que les petits arbres (< 8 cm DHP), soit 1,4 kg contre 0,02 kg respectivement [33]. Le prélèvement de polluants dans l’atmosphère urbaine par les arbres serait bénéfique pour la santé humaine et jouerait même un rôle en substituant certaines mauvaises odeurs par d’autres plus agréables [49, 74]. Mais ces bienfaits demeurent de toute évidence complexes à évaluer. Par exemple, alors que l’ozone, le dioxyde d’azote et les particules en suspension sont absorbés à part égale par les plantes, les avantages associés en termes de réduction de coûts de soins de santés sont plus importants dans le cas de l’ozone et du dioxyde d’azote que dans celui des particules en suspension.

  11. Si les écrans végétaux jouissent de la réputation d’intercepter le bruit ambiant, les avis sur leur efficacité réelle sont partagés. Il semble qu’il s’agisse surtout d’une impression due à la dissimulation des sources de bruit. Mais un effet global de la présence de la végétation permettrait tout de même d’absorber et de dissiper les ondes sonores [31, 49, 95]. Les écrans végétaux de forte densité et de grande dimension sont toutefois efficaces, surtout lorsqu’ils sont à proximité de la source de bruit. Depuis quelques années l’équipe de recherche de M. Labrecque à l’Institut de recherche en biologie végétale s’intéresse aux barrières sonores faites de branches de saules (Living Wall). Au cours des dernières années de telles structures ont été érigées dans la région de Montréal démontrant l’efficacité de celles-ci pour atténuer le bruit causé par la circulation automobile et améliorant grandement le paysage urbain.

  12. L’amélioration de la qualité de l’air, la diminution de la température urbaine, ainsi que celle des rayons UV incidents devraient influencer favorablement l’état de santé de la population urbaine. Les épisodes de forte température à Montréal, seraient responsables de la mort de 36 personnes annuellement [98]. La hausse de mortalité par maladies respiratoires chez les personnes de 65 ans et plus serait de 6,4 % le lendemain d’une hausse de 12,5 μg/m3 de particules fines (PM2.5) [99]. Il est évalué qu’annuellement, à Montréal, 1540 décès prématurés seraient dus à la pollution atmosphérique (400 liés aux pics de pollution et 1140 liés à une exposition chronique) [99].

    1. Toutefois, le nombre de certaines allergies, celui des accidents liés à la présence des arbres, d’insectes et d’autres animaux peuvent être accrus par une augmentation des surfaces arborées. Les arbres peuvent en effet être la cause d’allergies, la présence de pollen pouvant être significative de février à juin dans la région de Washington DC par exemple [102]. Par ailleurs, si la sécurité alimentaire peut être améliorée par la consommation de certains fruits produits par les arbres, d’autres fruits, peuvent être la cause d’intoxications (i.e. Wisteria sinensis).

  13. Selon plusieurs auteurs, les arbres reposent la vue et l’esprit, ils apaisent les tensions et améliorent la santé psychologique des gens

  14. Les sujets d’une étude de Sheets et Manzer (1991) rapportaient davantage de sentiments positifs en voyant des rues bordées d’arbres plutôt que des rues qui en étaient dépourvues. Ils se sentaient plus amicaux, plus coopératifs, moins tristes et moins déprimés.

  15. Les individus percevaient la présence d’arbres dans les zones urbaines comme participant fortement à la qualité de vie. Les zones végétalisées étaient perçues comme préférables à habiter, plus sûres, plus propres et plus favorables pour y gagner sa vie.

  16. Le fait, lorsqu’on est enfant, de grandir proche d’éléments de la nature tels que des parterres fleuris, de visiter des parcs, de suivre des cours en environnement et de jardiner est associé à une attitude plus déterminée et plus active à l’âge adulte.

  17. Des activités extérieures dans les espaces verts semblaient diminuer, chez les enfants, les symptômes d’hyperactivité avec déficit d’attention.

  18. La présence des arbres semble pouvoir contribuer à l’amélioration de l’état de santé des individus. Par exemple, lorsque leur chambre donne sur un parc, les patients hospitalisés ayant subi un acte chirurgical se rétablissent en un temps réduit de 10 %, nécessitent un usage moitié moindre de médicaments pour contrer la douleur, présentent moins de complications postopératoires et témoignent d’une expérience plus positive par rapport aux patients dont la chambre fait face à un bâtiment.

  19. Les aires extérieures qui fournissent un environnement dénué de stress et qui sont accessibles au quotidien auraient un effet positif et significatif sur la santé des citadins.

  20. La présence d’arbres et de végétation a un effet positif sur le degré d’agressivité et de violence dans les villes.

  21. Des études faisant suite aux travaux de S. Kaplan sur la fatigue mentale ont en effet démontré que les taux d’agression et de violence étaient significativement plus élevés chez les résidents d’immeubles à appartements dans les cas où la végétation était rare aux alentours, par rapport à ceux pour lesquels la végétation était à proximité.

  22. Dans les immeubles à appartements où des arbres sont proches, les résidents font état, de façon significative, d’avoir de meilleures relations avec leurs voisins et de se sentir plus en sécurité, par rapport à ceux qui vivent dans des immeubles identiques dépourvus d’arbres à proximité.

  23. Les résidents de logements bénéficiant de cette proximité rapportent employer des méthodes de gestion de conflits moins violentes et plus constructives dans leur foyer. Ils rapportent faire usage de plus d’appels à la raison et de moins de violence sévère vis-à-vis de leurs enfants et faire preuve de moins de violence physique également avec leur conjoint.

  24. Des études ont aussi démontré un lien entre la présence d’arbres dans l’environnement et un plus faible niveau de violence parmi les prisonniers, les patients de foyers pour personnes âgées atteintes d’Alzheimer, mais aussi parmi les résidents de logements sociaux des centres urbains.

  25. En se fiant aux rapports de police, on constate que moins de crimes et moins d’atteintes à la propriété auraient été perpétrés dans des immeubles à appartements, par ailleurs semblables, mais bénéficiant de davantage de végétation à proximité.

    1. Les résidents de zones plus verdoyantes feraient part aussi d’un niveau de crainte inférieur.

  26. La présence des arbres encourage le plus grand usage des espaces extérieurs par les résidents de logements sociaux.

  27. Les espaces plus densément pourvus d’arbres ainsi que ceux aux abords des habitations attirent de plus grands groupes de personnes et des groupes plus diversifiés où coexistent jeunes et adultes. Coley, Kuo et al. (1997) suggèrent que la présence d’arbres augmente les occasions d’interactions sociales, améliore le contrôle des espaces extérieurs ainsi que la supervision des enfants dans les milieux urbains défavorisés.

  28. La présence d’arbres dans les lieux extérieurs est corrélée à l’intensité de leur utilisation par la communauté. Elle est aussi corrélée à la quantité d’activité sociale qui y prend place et à la proportion d’activité sociale versus non sociale qui s’y produit, ce qui crée un espace communautaire plus vivant.

  29. Bien que quantifier de façon économique la valeur esthétique des arbres soit difficile, plusieurs chercheurs travaillent actuellement au développement de différents modèles d’évaluation.

  30. Afin de favoriser la conservation des arbres en milieu urbain, plusieurs auteurs développent une approche économique avec, par exemple, des études coûts-bénéfices.

  31. Les études sur l’apport des arbres à la valeur marchande des propriétés démontrent que leur présence en accroissent la valeur de 7 à 15 % [31]. Un arbre, en milieu résidentiel, augmenterait, selon certains, la valeur des maisons de plus de 18 % [13]. L’analyse de données fournies par satellites permet de démontrer que les paramètres environnementaux ont en effet une forte influence sur la valeur des maisons.

  32. Une étude de Laverne et Winson-Geideman (2003) a démontré que les taux de location des édifices bénéficiant d’un aménagement paysager de qualité et de l’ombrage des arbres étaient plus élevés.

  33. Les arbres et arbustes bien positionnés alentour des bâtiments peuvent diminuer les coûts de chauffage en hiver jusqu'à 15 % et les frais de climatisation en été jusqu'à 50 %. Il a été calculé qu’une réduction de température autour d’un édifice de l’ordre de 5,5 °C permet de réduire l’énergie liée à la climatisation de 50 à 70 %.